Quand le Festival ALIMENTERRE rencontre la base TESSA…

Sélection réalisée en : octobre 2022

La filmographie est également téléchargeable au format pdf ici.

Le 16 octobre marque la Journée internationale de l’alimentation et le lancement du festival ALIMENTERRE, un événement devenu aujourd’hui incontournable pour présenter et comprendre les enjeux agricoles et alimentaires dans le monde. Nous saisissons cette occasion pour vous rappeler que notre Base cinéma et société ne propose pas seulement des fiches films, mais également des fiches répertoriant des festivals dont les programmations entrent en résonance avec les thématiques qui nous sont chères - et le festival ALIMENTERRE en fait bien évidemment partie  ! Vous pouvez donc consulter sa fiche ici et découvrir les films des différentes sélections (y compris celle de la prochaine édition qui se tiendra du 16 octobre au 30 novembre 2022).

Et alors que nous allons bientôt fêter le premier anniversaire du lancement du projet TESSA sur la Transition, l’Économie sociale et solidaire, et les Alternatives (nous vous communiquerons bientôt le programme des festivités que nous organiserons du 5 au 30 novembre à l’occasion du Mois de l’ESS), nous avons choisi de mettre en lumière grâce à notre nouvelle filmographie mensuelle les documentaires programmés par le festival ALIMENTERRE qui ont récemment intégré notre Base TESSA car ils donnaient à voir des initiatives concrètes et inspirantes émanant de l’ESS et de la transition.

S’alimenter

L’un des chemins thématiques de la base TESSA, «  S’alimenter  », s’attache justement à répertorier des films qui portent sur les initiatives de l’ESS venant renforcer la souveraineté alimentaire. Ce droit à une alimentation durable et solidaire est un droit humain reconnu internationalement qui correspond au droit fondamental d’avoir, en tout temps, un accès physique et économique régulier, permanent et libre à des aliments en quantité et en qualité suffisantes, dans le respect des traditions culturelles du peuple dont chacun·e est issu·e. À ce titre, le film «  La Part des autres  » (2019 - sélection ALIMENTERRE 2022) est particulièrement important puisqu’il interroge les conditions d’un accès digne pour tou·tes à une alimentation de qualité et durable, tout en donnant à voir les initiatives qui vont dans ce sens. Il pose un regard empreint de tendresse sur une multitude de situations vécues qui, réunies, permettent de questionner le système agricole dans son ensemble, jusqu’à imaginer une sécurité sociale de l’alimentation.

La souveraineté alimentaire, c’est aussi le droit des peuples à produire leurs propres aliments, ceux-ci ne pouvant se réduire à une marchandise des sociétés transnationales. C’est un enjeu capital d’autonomie et de santé, particulièrement défendu par le développement des circuits courts et des marchés alimentaires solidaires, locaux et équitables. De nombreux films présents dans la base TESSA sont le reflet de la transition alimentaire en cours. En informant les citoyens et citoyennes, ils leur permettent de participer à la co-construction de systèmes alimentaires durables et solidaires et au renforcement du droit à l’alimentation. C’est le projet qui a motivé, par exemple, la réalisation du film «  Manger autrement, l’expérimentation  » (2018 - sélection ALIMENTERRE 2021) dans lequel trois familles essayent d’adopter une alimentation plus responsable, moins riche en viande et alignée sur la production locale et saisonnière.

Derrière le simple geste de «  se nourrir  », découvrir la diversité des structures de l’ESS

La base TESSA s’organise autour de quatre axes dont celui dédié à la diversité des structures de l’économie sociale et solidaire par l’intermédiaire de films qui nous aident à naviguer entre leurs différents statuts et à mieux comprendre leurs modes de fonctionnement. Derrière l’acte de «  se nourrir  » se cachent des organisations parfois complexes qui se révèlent un levier fondamental pour agir en faveur d’une alimentation plus juste et durable, et qui s’imposent comme autant d’alternatives à un modèle économique inégalitaire et destructeur de notre environnement. Les films sélectionnés par ALIMENTERRE et présents dans la base TESSA font la part belle aux coopératives, comme celles que met en avant le film «  Nourrir le changement  » (2020 - sélection ALIMENTERRE 2021) et qui, chacune à sa manière, essayent de changer notre alimentation tout en prouvant que d’autres façons de faire, diverses, existent. Dans «  Amuka  » (2020 - sélection ALIMENTERRE 2022), des coopératives tentent quant à elles de répondre au «  paradoxe de la faim  » (dans le monde, ceux qui produisent les denrées alimentaires sont également ceux qui ont faim). Car il y a une contradiction profonde entre, d’un côté, le constat que la République démocratique du Congo pourrait nourrir 3 milliards de personnes et celui, de l’autre, qu’un Congolais sur deux souffre de la faim. Les coopératives et entreprises représentées dans le film n’ont dès lors qu’une seule volonté : celle de faire vivre une agriculture familiale dont 70% des Congolais dépendent.

Mais la sélection de films ALIMENTERRE/TESSA s’intéresse également aux initiatives émanant d’associations, comme c’est par exemple le cas de «  Semer, récolter, résister  » (2019 - sélection ALIMENTERRE 2020). Ce documentaire suit le processus de (re)conquête locale de la souveraineté alimentaire à travers les programmes initiés par la FONGS/Action Paysanne, SOL et les structures partenaires engagées dans la valorisation des filières de locales au Sénégal.

Voyager dans le temps…

L’ESS est à la fois jeune et ancienne : elle possède des origines lointaines et ses principes sont déjà à l’œuvre depuis fort longtemps, mais la conceptualisation du mouvement dans lequel elle s’inscrit aujourd’hui ne s’est véritablement dessinée qu’au cours des deux derniers siècles. Il est intéressant de regarder les films programmés par le festival ALIMENTERRE à l’aune de cette longue histoire de l’ESS et d’ainsi être sensibles à l’éclairage qu’ils apportent sur les différentes étapes clés de son évolution - ce que l’axe «  Voyager dans le temps de l’ESS  » de la base TESSA se propose d’esquisser.

Ainsi «  L’Arbre providence  » (2019 - sélection ALIMENTERRE 2021) interroge les traditions héritées du passé au Togo afin de mieux valoriser, aujourd’hui, des actes concrets de coopération, d’implication et de prise de conscience collective. Ce film plein d’optimisme montre que des solutions pour une agriculture plus durable existent depuis longtemps et qu’il convient simplement de les adapter aux besoins d’aujourd’hui. De même, «  Le système alimentaire de Fès  » (2019 - sélection ALIMENTERRE 2020) s’intéresse aux fortes traditions culinaires du Maroc et au régime méditerranéen, réputé pour ses bienfaits sur la santé et le climat. Des initiatives agro-écologiques et des coopératives émergent afin de valoriser au mieux les produits locaux du terroir et d’améliorer la qualité de vie des agriculteur·rices.

Mais voyager dans le temps de l’ESS ne se limite pas à regarder du côté du passé : des films explorent les solutions locales qui leur permettent de mieux imaginer concrètement notre monde de demain. C’est le cas de «  Sur le champ  » (2020 - sélection ALIMENTERRE 2021), qui part à la rencontre d’acteurs de terrain, multipliant les exemples de «  petites initiatives locales  » (petites fermes belges, jardins collectifs à Madagascar, etc.) dans l’optique de nous émanciper, dans le futur, de l’agriculture industrielle au profit d’une agriculture durable.

…et à travers le monde  !

En parcourant notre sélection ALIMENTERRE/TESSA, votre voyage en images ne sera pas seulement temporel mais également géographique. Preuve s’il en était besoin que l’ESS et la transition portent partout leurs fruits  ! Ainsi, outre les films précédemment cités qui vous emmèneront au Togo (L’Arbre providence), en Corée et en Allemagne (Manger autrement, l’expérimentation), à Madagascar et en Belgique (Sur le champ), «  Le Festin/Tong Tong  » (2020 - sélection ALIMENTERRE 2021) vous fera rencontrer des paysans et paysannes sénégalais·es qui se battent contre les superstructures législatives et économiques du système capitaliste mondialisé en se constituant en associations ou en collectifs, et en intégrant les mouvements sociaux internationaux tels que la Via Campesina.

Les frontières transnationales ne sont pas les seules que ces films nous invitent à traverser : il s’agit parfois de dépasser le clivage rural/urbain et de partir explorer les territoires de nos villes qui savent aussi innover afin de mieux garantir la souveraineté alimentaire de leurs habitant·es. C’est le cas de La Part des autres, précédemment cité, qui navigue entre Brest et Paris, tandis que «  Douce France  » (2020 - sélection ALIMENTERRE 2021) nous immerge dans le quotidien de jeunes qui grandissent entouré·es, d’un côté, de la capitale et, de l’autre, des derniers champs de la plaine de France. Au milieu se trouve la banlieue - leur banlieue, un territoire sur lequel ils et elles partent à la découverte d’un système alimentaire local qui leur permet d’aborder de nombreuses thématiques comme celle de l’économie circulaire, des AMAP, de l’étalement urbain, etc.

Ces quelques exemples puisés dans les trois éditions précédentes du festival ALIMENTERRE ne sont qu’un aperçu des nombreux films inspirants programmés par cet événement annuel, à découvrir dans TESSA… et bien sûr en salles pour la sélection 2022. Bonnes dégustations cinématographiques  !

Du côté des festivals

Pour aller plus loin

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