Affiche du film © Guy Jungblut

Moindre geste (Le)

Un film de Fernand Deligny, Josée Manenti, Jean-Pierre Daniel

 1971  France  Documentaire  Prise de vue réelle  105 mn  Noir & Blanc  Mode de production : Cinéma  VF

 Image : Josée Manenti  Son : Guy Aubert, Aimé Agnel et Jean-Pierre Ruh assisté de Francis Bonfanti  Montage : Jean-Pierre Daniel

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Dernière mise à jour : 8 octobre 2018

Yves est considéré par l’institution hospitalière comme « inéducable et irrécupérable ». Pris en charge en 1958 par Fernand Deligny, éducateur singulier dont les tentatives de cures libres refusaient l’ordinaire des méthodes psychiatriques, Yves devient en 1962 le personnage central d’un film tourné dans les Cévennes. Le moindre geste de Fernand Deligny, Josée Manenti, Jean Pierre Daniel, c’est l’histoire d’un film qui ne ressemble à rien. D’une force rare et indicible. Un film vagabond, tourné hors des sentiers battus, hors de tout cadre de production, sans technicien ni acteur…

Nous sommes en 1963, dans un village cévenol où Fernand Deligny a trouvé refuge avec quelques rescapés de La Grande Cordée, une association créée des années plus tôt, « tentative de prise en charge en cure libre d’adolescents caractériels, psychotiques, délinquants ». Le scénario, manifestement inventé jour après jour, prend appui sur une fable imaginée par Deligny : un garçon s’échappe de l’asile, un autre (Yves) part sur ses traces, et erre longuement dans le paysage…

 

Josée Manenti fait partie de la minuscule équipe qui accompagne Deligny. Cette jeune femme, qui deviendra psychanalyste, prend, pour la première fois de sa vie, une caméra. Le film n’est peut-être qu’un prétexte. Il s’agit avant tout de créer de la matière pour structurer, nourrir le quotidien. Yves fera donc l’acteur.

Il a 20 ans. Josée l’entoure depuis des années : il fait partie des rescapés. Elle le filme avec une incroyable science de la lumière et du cadre, anticipant sur chacun de ses gestes, sur ses moindres mouvements, devinant l’imprévisible. Les images sont muettes. Il n’y a pas de preneur de son. Pas de dialogue. Mais chaque soir, de retour au village, Yves raconte sa journée dans un magnétophone.

Saisissants monologues proférés, beuglés d’une voix venue des profondeurs. Inquiétante étrangeté. Le tournage durera deux ans… La suite n’est pas moins surprenante. Deligny et les siens quittent les Cévennes. À peine commencé, il a fallu arrêter le montage, faute d’argent. Les images et les sons échouent au fond d’une malle, qu’ils vont trimballer pendant 4 ans, d‘un bout à l‘autre de la France.

 

En 1969, par l’intermédiaire d’un ami commun, la malle atterrit à Marseille, chez un jeune opérateur, Jean Pierre Daniel. Il ne connaît ni Josée, ni Deligny, et ne sait rien de cette aventure, mais peu à peu il va s’approprier ces images, les monter, leur fabriquer un destin… Aujourd’hui, ce film nous est donné à voir. Il faut s’y précipiter. Ces images comme hors du temps, ces images obscures, lumineuses, âpres, irréductibles, sont de la plus grande acuité.

Nicolas Philibert.

Réalisateur, membre de L’ACID.

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