Le pouvoir transformateur de l’ESS et des initiatives de la transition

Sélection réalisée en : novembre 2023

En ce début novembre, notre filmographie célèbre le Mois de l’ESS  !

Il était facile de puiser dans notre base TESSA afin d’illustrer la thématique nationale mise à l’honneur par ESS France cette année puisque «  le pouvoir transformateur de l’économie sociale et solidaire  » et, plus largement, des initiatives de la transition est précisément ce que nous avons placé au cœur de la ligne éditoriale de notre catalogue raisonné de films.

Deux critères précis ont cependant motivé notre sélection ce mois-ci :

- afin de rappeler la logique de la base TESSA qui ne recense que des films qui font s’articuler les valeurs de l’ESS d’un côté et des actions concrètes de l’autre, les mettant donc en cohérence les unes avec les autres, nous avons choisi un film par grand domaine principal de transformation de la société  ;

- ensuite, les films devaient tous être visibles en ligne à titre gracieux (soit directement sur les sites des cinéastes, soit sur Imago.tv, la plateforme gratuite des films sur la transition) : reprenant l’esprit de notre Festival TESSA dont la première édition a eu lieu l’année dernière, l’idée est de vous permettre une expérience de visionnage tout au long du mois de l’ESS  !

La filmographie est aussi disponible au format pdf ici.

© Christiania - JBach

De l’acte de travailler : pour un travail qui a du sens, générateur de lien et d’efficacité sociale

On commence par le film Travailler ensemble (2022) que nous ne saurions trop vous conseiller de voir en salle le 24 novembre à Dijon à l’occasion des Journées de l’économie autrement organisées par Alternatives Économiques. La projection sera suivie d’une rencontre avec l’équipe du film et permettra d’échanger sur le pouvoir émancipateur de projets tels que Territoire zéro chômeur longue durée (TZCLD). En ces temps de réforme gouvernementale de l’assurance chômage et du RSA visant à mettre la «  France au travail  », écouter la parole des chômeurs et chômeuses longue durée telle qu’elle est directement portée dans ce film ne peut être que bénéfique à toutes et tous…

Mais pour celles et ceux qui ne seront pas en mesure de faire le déplacement, nous vous proposons exceptionnellement, à l’occasion du Mois de l’ESS, de regarder le film en ligne gratuitement  ! Écrivez-nous à infos@autourdu1ermai.fr et nous vous enverrons un lien de visionnage privé…

De l’acte de produire : pour une agriculture respectueuse des sols, du vivant et de l’environnement

C’est le documentaire Nouvelles graines (2021) que nous avions envie de vous recommander ce mois-ci. Disponible en accès libre sur la plateforme FranceTV, il nous emmène dans les marais d’Orx, au cœur des Landes, où trois amis écologistes tentent de bâtir une ferme écoresponsable, sans tracteur ni plastique. En immersion, nous suivons leur aventure pendant un an, de leurs rêves à la réalité du terrain qui, très vite, les rattrape.

La force du film réside dans son honnêteté : rien n’est éludé des difficultés rencontrées, voire des profondes désillusions. Mais, au final, ce sont l’espoir et la force de la volonté qui demeurent. Et si nous programmons ce film ce mois-ci, c’est parce qu’il nous semble être une belle source d’inspiration pour les nouvelles générations d’agriculteur·rices car, comme le dit très bien le site Moustique, ce «  bilan en demi-teinte […] a le mérite de montrer à la fois les bons et les mauvais côtés de ce type de projets, de façon sincère et sensible, pour servir d’exemple à [celles et] ceux qui voudraient se lancer dans une agriculture écoresponsable.  »

De l’acte de rendre justice : pour la défense des communs et le partage des responsabilités de la transition environnementale

Avec La Poudre aux yeux (2023), le réalisateur Rémy Servais mène une enquête très fouillée dans le département de la Haute-Savoie et laisse la parole aux militant·es, membres de collectifs et d’associations, mais également à des élu·es qui s’opposent à la multiplication des aménagements touristiques et sportifs développés sans réelle concertation avec la population. Toutes et tous expriment leurs points de vue sur les enjeux économiques et climatiques inhérents à ces projets, et montrent la complémentarité de leurs luttes - des manifestations sur site aux actions en justice, en passant par la désobéissance civile via une ZAD improvisée.

En dressant ce portrait instructif et sensible de mouvements citoyens dans leur résistance à certains projets d’aménagement en Haute-Savoie financés par l’argent public et guidés par la mono-économie du tourisme, Rémy Servais montre que loin d’être anecdotiques, ces mobilisations au nom de la lutte contre le réchauffement climatique et en faveur d’autres choix politiques possibles sont un phénomène plus global, rendu incontournable.

De l’acte d’habiter un territoire (urbain) : pour y développer la solidarité et expérimenter de nouvelles formes de démocratie collective

Pendant plus de 40 ans, le quartier de Christiania à Copenhague fut une expérience sociale et politique sans précédent, un exemple atypique d’organisation communautaire. En 1971, cette ancienne base militaire désaffectée est investie par un groupe de jeunes et, petit à petit, une nouvelle façon de vivre démocratique et respectueuse de l’environnement s’y fait jour. L’objectif est de devenir une société autogérée dans laquelle chaque individu se sent responsable du bien-être de la communauté entière.

Attirant jusqu’à un millier de personnes au plus fort de son histoire, la communauté libre a sa propre monnaie, invente toutes sortes d’activités culturelles et sportives, possède sa propre crèche ainsi qu’une station de radio ou encore un vaste espace agricole.

Le film éponyme, Christiana (2013), tourné à un moment clé de l’évolution de la cité alternative (l’année de la reprise en main administrative et de la privatisation partielle du lieu), fait à la fois le bilan de quatre décennies d’innovation sociale et environnementale et pose les enjeux auxquels les habitant·es doivent désormais faire face.

De l’acte de bouger et de faire du tourisme autrement : pour le respect des personnes et de la planète

Dans Dekiru, un jeune couple parcourt le Japon à la rencontre des différentes initiatives inspirantes de la transition énergétique, politique et sociale. Nous nous rendons ainsi (en stop  !) aux quatre coins du pays à la découverte d’expériences multiples allant de fermes écologiques pratiquant l’économie circulaire à une communauté urbaine du mouvement des Villes en transition ayant sa propre monnaie, en passant par l’école alternative Kusunoki Gakuen ou un village de 1200 habitants qui pratique la permaculture dans une perspective intergénérationnelle afin de continuer à faire vivre les savoirs anciens…

À l’image de l’engagement politique du chanteur Miyake Yohei, candidat au Sénat au nom de la jeunesse, ce film diffusé en creative commons et disponible gracieusement pour quiconque souhaite organiser des projections, témoigne de tout un mouvement militant pour l’environnement extrêmement dynamique, inventif et inspirant.

De l’acte de consommer et de se loger : pour une lucrativité limitée, une sobriété et une frugalité heureuse

Nous avions envie de terminer ce parcours filmographique du mois avec Les Nouveaux modernes (2016), un documentaire qui nous livre de petites tranches de vie inspirantes. À Paris, c’est une jeune femme qui récupère des aliments comestibles dans les poubelles et les distribue  ; à Viens dans le Vaucluse, un homme a progressivement modifié son habitation qui fonctionne aujourd’hui entièrement en autonomie, tant du point de vue électrique que de l’approvisionnement en eau  ; ici c’est un collège qui lutte contre le gaspillage alimentaire, là-bas c’est un couple qui organise des chantiers participatifs de constructions en paille  ; un jardin associatif expérimente la permaculture sans eau ni argent afin de pouvoir être reproduit partout et par n’importe qui, tandis qu’un couple vivant en yourte développe progressivement des stratégies énergétiques de plus en plus respectueuses de l’environnement…

À travers toutes ces expérimentations, chaque personne rencontrée nous partage différentes initiatives qui, bien qu’agissant à l’échelle locale et en cohérence individuelle, témoignent d’une forte inventivité et d’une profonde responsabilité collective qui ne peuvent que nous inspirer.

N’oubliez pas : tous ces films sont disponibles en ligne  ! Nous vous souhaitons donc un bon visionnage et un excellent mois de l’ESS et de la transition… avec la base TESSA  !