Karim contre Mittal

Que signifie devenir lanceur d’alerte ?

Que signifie devenir lanceur d’alerte au quotidien lorsque l’on est ouvrier et père de famille sans ressources face à un des plus puissants groupes mondiaux ?

C’est ainsi que se présente Karim : « Je suis monsieur Ben Ali Karim, vous savez ? Le lanceur d’alerte d’Arcelor Mittal ». Car sa vie se réduit maintenant à une vidéo qu’il a enregistrée en décembre 2016. Chauffeur routier depuis l’âge de 19 ans et père de trois enfants, cet intérimaire pour Suez-Environnement a conduit des camions de déchets chimiques provenant de l’usine Arcelor Mittal de Florange et répertoriés comme dangereux. En 2017, il lance l’alerte en publiant sur son compte Facebook une vidéo montrant qu’il déverse des produits chimiques au crassier de Marspich. Depuis, il est seul contre le puissant groupe. Sans emploi, sans aide, malgré la loi Sapin censée protéger les lanceurs d’alerte, il survit, emportant sa famille dans sa spirale infernale.

« On m’a dit que la loi Sapin protège ! Mais c’est pas monsieur Sapin qui va à la banque alimentaire à la fin du mois, car c’est ça la vie d’un lanceur d’alerte. C’est un combat : tu te lèves, tu y penses, tu te couches, tu y penses, des fois j’en rêve… c’est plutôt un cauchemar. »