Madame Lee

Un film de Pier-Emanuel Petit

 2013  France  Documentaire  Prise de vue réelle  33 mn  Couleur  Mode de production : Cinéma

 Scénario : Pier-Emanuel Petit  Image : Pier-Emanuel Petit, Guillermo Grassi  Son : Adam Wolny, Romain de Gueltzl  Montage : Hélène Attali

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Dernière mise à jour : 12 novembre 2014

Rue Gaston Lauriau, à Montreuil, pas très loin de la mairie, subsiste un quartier moderne et délabré composé principalement de hlm des années 60 et 70, maintenant vétustes, couvertes de paraboles. En bas de l’une d’elles, une échoppe coréenne propose de la nourriture diététique. C’est un restaurant sans carte, un lieu de paix dont la lumière s’appelle Madame Lee. Elle en est l’âme, la propriétaire et l’unique ouvrière.

Madame Lee est femme, mère et féministe, elle dit « je suis sociologue et j’ai choisi d’être cuisinière »

Madame Lee est arrivée à Paris en 1998, à l’âge de 30 ans. Elle était doctorante en sociologie et enseignait au lycée depuis deux ans. Madame Lee, en Corée, était une militante féministe très active. Elle a fui son pays. Madame Lee a fui le conformisme, la lecture orientée des traditions et les demandes en mariage de plus en plus pressantes et oppressantes.

Madame Lee dit « dans mon pays, comme dans beaucoup d’autres, la cuisine c’est toujours la punition des femmes. Ça je veux changer. »

Madame Lee veut expulser de la tradition le poison : c’est à dire le respect aveugle de l’ordre établi, le sexisme et le capitalisme. Madame Lee veut extraire de la tradition l’essentiel : c’est-à-dire les secrets de longévité et de santé portés par les anciens. Madame Lee dit « je veux marcher sur les pistes de ma grand’mère ». Madame Lee veut perpétuer la connaissance des anciens dans la prévention des maladies par l’alimentation. Dans la tradition chinoise, un médecin veille à ce que son patient ne tombe pas malade. Avoir à le guérir prouve qu’il l’a mal soigné. Il faut tenter d’être son propre médecin avec l’aide des cuisiniers. À ces savoirs, Madame Lee veut ajouter des saveurs, des innovations, opérer des fusions gustatives, culturelles. Madame Lee voudrait retrouver la justesse, la grâce et la précision des gestes de sa grand’mère. Madame Lee dit « De plus en plus ma cuisine va devenir médicinale »

L’endroit est composé de quelques chaises, de quelques tables dissemblables, de tableaux de Monsieur Lee et de bocaux. À midi, la salle est souvent pleine. L’envers (la cuisine) est vaste ; c’est une sorte de salle des machines pleine d’ustensiles. Madame Lee fait la cuisine seule et sert seule, passant d’une pièce à l’autre. Ceci implique un rythme, ceci génère un tempo, un monde propres à cet endroit.

Madame Lee a un visage d’héroïne de la révolution chinoise et la silhouette d’une femme mystérieuse comme chez Wong Kar-Wai.

Madame Lee dit « je ne suis pas académique ; je suis libre. Mon mari, lui, est académique. Il est reconnu. ». C’est à Paris que Madame Lee a rencontré Monsieur Lee, peintre coréen bouddhique reconnu et président de l’association culturelle France-Corée. Ils ont aujourd’hui 2 garçons de 3 et 10 ans et la famille vit à Montreuil, pas très loin du restaurant que tient Madame Lee.

Madame Lee dit « la calligraphie, pour nous, c’est comme Rome et la Grèce pour vous. C’est les origines. ». Madame Lee pratique quotidiennement la calligraphie.

Madame Lee dit : « Louise Michel, c’est mon nom français »

La mère de madame Lee vit en Corée. Toutes les deux entretiennent des relations de respect et de bienveillance à distance. En France, Madame Lee a une mère d’élection, une mère qu’elle s’est choisie. Il s’agit de la chercheuse, essayiste, féministe célèbre, Andrée Michel, née en 1920 et auteure de nombreux ouvrages de références, maintes fois traduit et réédité. Madame Lee et Andrée Michel sont voisines. Madame Lee lui rend visite tous les dimanches.

Pier Emanuel Petit

(source : Lardux films)

Le film dans la Base cinéma & société

Chemin d’accès :
« On ne naît pas femme, on le devient ! »