Âmes bossales (Les)

Les “bossales” désignent à l’origine les esclaves africains qui ont participé à la guerre d’indépendance d’Haïti, incarnant la résistance et la révolte contre l’oppression.

Aujourd’hui, ce terme évoque aussi des personnes rebelles, comme celles dépeintes dans le film, qui incarnent l’âme vibrante de ce pays. Parmi elles, Charlotte, défenseure des droits humains, Foukifoura, chroniqueur satirique, Édris, vidéaste de l’insurrection, Michou, ouvrière luttant pour survivre, et Ramoncite, mystérieux prêtre vaudou. Dans un contexte social explosif, ils symbolisent la résistance politique et spirituelle d’Haïti, un foyer incandescent de luttes et de traditions. Le film offre une plongée émouvante dans la réalité haïtienne, mêlant histoire, spiritualité et combat quotidien. La place des femmes, comme Charlotte, qui raconte ses 86 accouchements avec une « Gillette » (un rasoir) ou les sifflets distribués pour appeler en cas de viols, souligne la force et la résilience de ces figures. La séquence sur le vaudou, qui donne un “esprit clair”, montre une facette peu connue de cette pratique. Ce film est une véritable claque émotionnelle, un hommage à la résistance et à l’esprit indomptable d’Haïti.

Note d’intention du cinéaste

« Je savais que nous ne serions pas dans une narration linéaire, suivant par exemple le quotidien ou l’évolution d’un personnage dans le temps. Le film fait le portrait subjectif du peuple haïtien ou quelque chose comme ça.

Je souhaitais recréer des sensations. Il s’agit bien d’une immersion au sein de laquelle on peut se perdre un peu avec seulement quelques points de repère, des personnages qu’on croise à plusieurs reprises. C’est à l’image de mon expérience de voyageur en Haïti, aux grès des rencontres, des évènements plus ou moins forts, des questionnements. Je voulais reproduire cette errance et cette sensation énigmatique que j’ai si souvent ressentie.

Pour aller dans le sens du récit de voyage, j’avais pensé à un personnage de narrateur guidant le film. Mais la puissance de la matière m’en a dissuadé. Il fallait laisser la place aux personnages, aux situations qui ne sont pas toujours très compréhensibles mais qui peu à peu véhiculent une même énergie de lutte et de puissance spirituelle. »

Extrait du dossier de presse